Boxe et nutrition : interview de Gilles GISSINGER, ancien boxeur de haut-niveau
Gilles GISSINGER est un boxeur qui a pratiqué la boxe au plus haut-niveau. Dans cette interview, il nous explique la place importante de l’alimentation dans la vie d’un boxeur. En effet, la gestion du poids est un souci permanent pour les boxeurs.
Prêt à découvrir les coulisses des rings de boxe….?
Interview de Gilles Gissinger
Bonjour Gilles, tu es un ancien boxeur de haut-niveau. Peux-tu te présenter rapidement et revenir sur ta carrière ?
Je suis un passionné de sport depuis mon plus jeune âge. Ma passion pour le noble art est née avec la pratique. J’avais pratiqué durant quelques années du kung-fu, mais cet art-martial m’avait frustré par son manque de contact. J’ai donc naturellement migré vers la boxe pieds/poings (Full-Contact) par besoin de concrétiser mon approche du combat.
J’ai remporté plusieurs titres régionaux, inter-régionaux et suis arrivé en final du championnat de France. Je suis ensuite allé m’intéresser à la boxe anglaise, discipline dans laquelle mes plus grandes distinctions furent champion d’Angleterre puis champion du Royaume Uni de boxe universitaire (avec uniquement 2 défaites au compteur).
La boxe est un sport à catégorie de poids. J’imagine que l’alimentation est un vaste sujet de discussion dans les vestiaires ?
Après l’entraînement, c’est LE sujet de discussion favori des boxeurs !
Lorsque l’on rencontre d’autres boxeurs (championnat, entraînements dans d’autres clubs, test matchs, etc.) nous évaluons d’abord le niveau et ensuite déterminons son poids. D’ailleurs, avec le temps on devient doué pour déterminer le poids d’une personne en un seul coup d’œil. Le sujet est d’importance notamment pour les boxeurs à la limite de leur catégorie, tel fut mon cas. Pour ne pas rencontrer mes partenaires d’entraînement, nous nous étions divisés dans différentes catégories de poids, je devais donc peser moins de 69kg (taux de graisse <9%) alors qu’aujourd’hui mon poids de forme se situe plutôt vers 75kg (taux de graisse ~10%), donc un poids difficile à tenir. J’ai donc été contraint de gérer, non sans difficulté, mon poids. Lorsque l’on pense à son poids toute la journée on a tendance à en parler beaucoup, surtout avec des personnes (les boxeurs) qui partagent cette problématique.
Quelles sont les pratiques encore utilisées par les boxeurs pour être au bon poids au moment de la pesée ?
Dans le monde de la boxe amateur, les pratiquants sont parfois négligents (par manque de connaissance) au niveau de l’alimentation et, par conséquent au niveau du poids.
L’entraîneur peut uniquement encourager le sportif à faire attention, le rappeler à l’ordre lors de la pesée à l’entraînement, mais l’essentiel du travail sur le poids se fait en dehors de la salle. Ainsi, il arrive bien souvent que des boxeurs arrivent à quelques jours de l’échéance avec quelques (kilo)grammes en trop sur la balance.
Pour être au poids le jour J, différentes solutions s’offrent aux boxeurs, certaines recommandées, d’autres nettement moins. La meilleure et la seule valable et de préparer sa saison sportive et d’être au poids dès la rentrée ou alors avec peu de poids à perdre. Les entraînements étant difficiles, un régime trop lourd peut provoquer de sérieuses carences sur les sportifs. Pour les pratiques encore souvent utilisés, mais déconseillées, il y a le régime de dernière minute, arriver à jeun à la pesée ou encore essayer de perdre quelques grammes avant la pesée en faisant de l’exercice avec un K-way. Il m’est arrivé de perdre un peu plus d’1kg le jour d’un combat de cette manière. Evidemment ces solutions ne sont absolument pas recommandées car elles peuvent influer sur la performance le jour de l’événement.
Une fois la pesée réalisée, comment s’alimentent le plus souvent les boxeurs ? Te concernant, quelles sont tes habitudes ?
La plupart du temps ils utilisent des collations diverses et variées (sandwich, barres de céréales, etc.), la pesée ayant bien souvent lieu le matin pour des combats l’après-midi ou le soir. Malheureusement, il est difficile de connaître l’heure exacte du combat (dépendant des combats précédents), il est par conséquent difficile de suivre un plan alimentaire stricte. Pour ma part, après de nombreux essais, j’avais opté pour les gâteaux énergétiques qui sont bien souvent utilisés dans les sports d’endurance.
Je ne me rappelle plus exactement de mon plan alimentaire (la boxe à la fâcheuse tendance de griller les neurones!), mais directement après la pesée je mangeais une part de gâteau et buvait de l’eau à intervalle régulier.
Et durant la compétition, est-il possible de t’alimenter ? Comment fais-tu ?
Durant la compétition qui se résume en un seul combat, on se contente de boire quelques gorgés, le plus souvent de l’eau et/ou une boisson isotonique.
J’ai eu la chance d’être l’homme de coin d’un champion du monde de Full Contact (Olivier Banocay), le nombre de rounds étant plus important (12 au total), une boisson « coup de fouet » était prévu après la 7ème reprise et une boisson isotonique un round sur deux.
Quels sont les produits diététiques les plus utilisés en compétition ?
Les produits les plus utilisés sont les barres énergétiques et les boissons isotoniques.
Fais-tu attention à la récupération ? Penses tu que la récupération soit un sujet de préoccupation des boxeurs ?
Lorsque le niveau commence à grimper oui, la récupération est un sujet d’actualité. Il arrive alors régulièrement d’avoir des compétitions tous les week-ends. En plus des risques de blessures, la récupération des efforts intenses que sont les combats est vraiment très importante. Cela se fait tant sur le plan alimentaire que physique.
Après un combat j’avais pour habitude de terminer par une vingtaine de minutes de corde à sauter (rythme léger) suivi d’étirements doux dans les vestiaires afin de favoriser la récupération. Un combat de boxe est un effort bref et intense, s’arrêter immédiatement après est un choc pour l’organisme. Pour une meilleure récupération musculaire je prenais également un shaker de protéines whey avec une bonne dose de miel.
La célébration d’une victoire au champagne est également un vilain choc pour l’organisme dont j’ai pu faire les frais. Il faut savoir fêter sobrement (un tant soit peu) :p
Gilles, tu es aussi l’un des fondateurs de Fysiki. Peux-tu nous expliquer brièvement en quoi consiste ce service ?
Fysiki offre à ses utilisateurs de nombreux outils techniques et personnalisables pour suivre, construire et partager leurs entraînements et performances. Nous révolutionnons l’Internet des sportifs en leurs proposant une technologie innovante (soutenu par le Ministère de la Recherche), un concept original qui mêle entraide conviviale, motivation et entraînement.
De plus, arrivera très prochainement un module nutrition pour suivre et parfaire sa nutrition en adéquation avec ses objectifs sportifs. Si j’avais eu à ma disposition un tel outil lors de mes compétitions j’aurai sans doute été encore plus performant !
Merci Gilles d’avoir pris le temps de répondre à cette interview.
Vous pouvez retrouver Gilles sur : http://www.fysiki.com
Isabelle MISCHLER
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